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Elle avait cette puissance, cette aura, ce caractère bien trempé.

Jamais elle ne se laissait faire, jamais on ne l'aurait mise au pas, jamais personne n'aurait même osé.

Osé lui tenir tête, osé la convaincre, osé tenter d'avoir raison.

Elle était butée et bornée, soit on la détestait, soit on la craignait, soit on l'admirait.

Du simple grognement au sublime rugissement, nul ne l'aurait défiée.

Elle avait les pattes, elle avait les ongles, elle avait les crocs, sans jamais avoir besoin de les utiliser.

Elle avait l'âme d'une lionne, féroce et mignonne, avec tout l'arsenal, de la séduction, de la guerre, ou l'art se mêle.

Un jour, un seul, elle perdit un combat,

Contre un mâle, soit, contre un rival qu'elle aime, contre elle-même, en fait.

Ego détruit et blessé, confiance évaporée, aura volatilisée,

Elle errait comme une âme en peine, trimballant sa carcasse sans plus la moindre autorité.

Autorité ni dignité, elle dormait, se laissait mourir, s'abandonnait, ne se respectait plus et ne cherchait plus à se nourrir.

Son regard sur elle-même avait changé le regard de tous, les paysages, les sensations et même le goût de l'eau et l'odeur de l'oxygène.

Quelle belle preuve que le monde est à l'image de soi,

Que la perception d'autrui n'est que le fruit de la conscience de soi,

Que la souveraineté amène la dignité,

Que la dévalorisation dissipe tant d'années de respect,

Ingratitude pourrait-on dire, en regardant autour de soi, désamour serait plus approprié en observant son cœur.

Que la frontière est mince entre être une reine et être une servante docile,

Entre être une lionne et être une chatte servile,

Si la Déesse peut devenir esclave,

L'esclave peut devenir Déesse,

Un événement, un déclic, un regard, peut nous construire, nous anéantir, nous détruire,

Ce regard c'est le sien.

Elle n'avait pas l'âme d'une lionne,

Elle a l'âme d'une lionne.

Elle a le choix de retrouver son pouvoir souverain.

Gwen Clappe, le 22.12.22